Culture et patrimoine

ROTOMAGOS

Pont-de-Ruan s’appelait autrefois « Rotomagos. » Ce nom gaulois du village se traduit par : « le marché du gué » (Roto = gué et magos = marché…).

Un bourg avait grossi à l’endroit où l’Indre était franchie par l’important chemin « Le Mans-Poitiers » devenue « voie de Tours-Poitiers » après la création au cours du premier siècle, de Caesarodunum, la nouvelle capitale des Turones.

Cet axe nord-sud reliant le nord de la Gaule à Bordeaux et à l’Espagne, constitua très vite une route de première importance faisant prospérer« le village du gué de l’Indre ».

La voie gauloise, puis romaine, devait franchir les îles à une cinquantaine de mètres en aval de l’actuel pont. Celles-ci sont exactement dans le prolongement de la rue Saint Brice qui a peut-être recouvert le vieux chemin gaulois. Cette rue, dans l’axe du gué, passe en outre au pied de l’église qui a été construite directement contre l’axe principal du bourg, comme cela se faisait fréquemment.

Chemin de Saint Jacques de Compostelle

Le bourg du village est également un lieu de passage sur la route d’origine de Paris-Tours vers Saint Jacques de Compostelle.

Situé à 20 km après Tours, c’était une étape importante après le passage par l’église Saint Martin de Tours pour les pèlerins arpentant le chemin de l’antique voie romaine Via Aquitania. On peut facilement imaginer ce que représentait ce pèlerinage à cette époque avec tous ces dangers et ses incertitudes. Pont-de- Ruan était un gîte d’étape et il semblerait que le nom de l’actuelle fromagerie La Cloche d’Or provienne du nom d’un des gîtes de l’époque (Auberge de la Corne d’Or).

L’ancien et premier cimetière de Pont-de-Ruan se trouvait autour de l’église. Il est fort probable que de nombreux pèlerins à l’aller ou au retour ont fini leurs jours à Pont-de-Ruan emportés par l’épuisement ou la maladie.
La popularité de ce pèlerinage associé au marché et point de franchissement de l’Indre ont contribué à l’époque à la prospérité économique du village. La route du pèlerinage a été modifiée vers 1750 pour passer plus à l’Est par Sainte Catherine de Fierbois.

L’église de la Sainte Trinité

L’Eglise de la Sainte Trinité est probablement l’un des plus anciens lieux de culte chrétien d’Indre et Loire.

L’église a été construite au début du XIème siècle. La nef unique a été complétée par le cœur, l’abside et le portail Ouest au XIIème siècle. Le clocher pignon a été ajouté en 1860. L’église primitive bâtie sur d’anciennes fondations gallo-romaines avait été bâti par Saint Brice, disciple de Saint Martin, en 444. Des fouilles réalisées en 1971 ont mis au jour des sépultures du XIVème et du XVIIIème siècle.

Le parvis de l’église a servi de cimetière jusqu’au début du XIXème siècle. Les modillons sculptés situés au-dessus du portail ouest ont été restaurés récemment. Deux vitraux polychromes représentent en particulier Saint Eutrope et Sainte Apolline.

SaintE Apolline

La chapelle Sainte Apolline est située sur la rive sud de l’Indre à l’endroit d’un ancien passage à gué gallo-romain du bourg de Rotomagos (nom de Pont de Ruan à cette époque). La construction de la première chapelle n’est pas connue à ce jour, toutefois nous savons que la dernière restauration majeure de l’oratoire date de 1825.

Cette chapelle a été vraisemblablement construite sur les ruines d’un ancien oratoire romain dédié à Apollon. Dans ces temps anciens, les gués étaient à la fois des lieux de rencontres, de marchés ruraux; mais les gués étaient aussi des lieux potentiellement dangereux et donc des lieux de prières et d’offrandes.

Sainte Apolline est morte en Égypte à Alexandrie en 249. Elle est massacrée, la mâchoire fracassée et toutes ses dents brisées.

Elle devient alors liée pour toujours aux dentistes dont elle est la sainte patronne ! Pour échapper définitivement à ses bourreaux, elle se jette volontairement dans le bûcher qui venait d’être allumé. Son suicide, pourtant interdit par la religion, lui est pardonné car conduit sous l’inspiration de Dieu. On la voit représentée dans cet oratoire avec en mains une pince et un rameau symbole de pureté.

Sainte Apolline est aussi représentée sur un des vitraux de l’église du village.

La fontaine miraculeuse de la Trinité et l’oratoire

A la fin du XIXème siècle, le curé de Pont de Ruan, l’abbé Dechézelles avait fait un voyage en Normandie et en Bretagne. Que ne fût pas sa surprise d’entendre les gens de la région dire : « Ça, c’est vieux comme Pont-de-Ruan ! ». Cette expression autrefois utilisée en Bretagne et en Normandie venait d’anciens pèlerins qui étaient venus jusqu’à Pont-de-Ruan pour guérir leurs douleurs dans la fontaine miraculeuse de la Trinité.

Après cette découverte, l’abbé Dechézelles repopularisa ces pèlerinages le jour de la Trinité (le 6 juin) qui reprirent pendant une vingtaine d’années ces fêtes datant de 1334, jusque dans la première partie du XXème siècle.

L’historique de cette fontaine sainte et miraculeuse serait lié à l’ancien village de Rotomagos et donc à la période païenne gallo-romaine.

Lorsque la religion chrétienne s’est implantée en Gaule, il était très fréquent qu’elle reprenne d’anciens sites païens ou romains pour en faire des sites chrétiens. Cette pratique est une constante dans le développement des religions.

L’oratoire de la Trinité était d’un des trois piliers avec la source et l’église. Les cérémonies durant trois dimanches furent appelées « les trois trinités ».

L’oratoire retient actuellement toute l’attention de la commune et de l’association Patrimoine des Ruanopontins qui ont le projet de le remettre en valeur.

LES MOULINS

Les moulins de Pont-de-Ruan sont établis sur l’Indre depuis 1192 pour le premier, cité moulin de Roen, et depuis 1285, pour les seconds de l’autre côté du pont, moulins à étoffe (foulon) propriétés des Archevêques de Tours, puis à blé vers 1370 sous le nom de moulins Potard, leur vrai nom. Depuis 2021, l’association Patrimoine des Ruanopontins travaille en partenariat avec la commune et la CCTVI pour réhabiliter le lieu. En aval du pont, les moulins ont été renommés Petit Moulin Lambert et Grand Moulin Lambert. Le premier abrite un petit musée dédié à la meunerie. Un escape game , « l’Horloge du Moulin » , est installé dans le deuxième depuis 2023. Ce jeu permet aux visiteurs de voyager dans le temps, aux époques où le moulin produisait de la farine, de l’électricité puis de la glace. Un bistrot associatif et son jardin accueillent les habitants et les visiteurs en proposant parfois des animations. Ces deux activités doivent permettre à l’association de récolter les fonds nécessaires à la réfection d’une des 2 roues. La travail engagé par les bénévoles est expliqué dans cette vidéo.

Jacques Maurice

La plupart des éléments historiques de cette page sont inspirés du livre de Jacques Maurice : « Pont-de-Ruan et son Passé ».

Instituteur à Thilouze, à Cheillé puis à Directeur d’école à Tours, l’auteur a publié une série d’ouvrages traitant du passé d’une douzaine de communes de la vallée de l’Indre. Il a synthétisé ses recherches à partir d’ouvrages sur la Touraine, des archives départementales, des registres communaux et d’actes notariés.

Malgré plusieurs rééditions, la plupart des livres de Jacques Maurice sont maintenant épuisés mais la mairie dispose encore de quelques exemplaires du livre sur Pont-de-Ruan.